Interview de tatoueur : Dahnbi, Reims

Photo principale de Landry Noblet (et ce n’est pas ma jambe 😄)

Cet été j’ai fait la connaissance d’une toute jeune tatoueuse sur Reims, lors de mon retour en France : Dahnbi. En fait, j’ai craqué sur son travail sur instagram lorsque j’étais encore en Thaïlande et je me suis dit qu’il fallait que je passe sous ses aiguilles. Alors je suis allée la voir, je voulais des pivoines, sur le bras ou je ne sais trop où. J’ai regardé ses dessins, je lui ai montré ce que j’aimais et voilà. Aujourd’hui j’ai 2 superbes pivoines sur l’avant-bras, et je les kiffe bien ! Comme je kiffe bien tous mes tatouages, dès que j’en fais un nouveau, il devient presque mon favori. Mais en réalité c’est impossible de vraiment choisir, ils ont tous leur propre sens, et pour tout ça, je les aime tous.

Bref, je me suis dit que lui poser quelques questions et vous donner ses réponses (telles quelles) ce serait top. Vous en pensez quoi ? Quoi qu’il en soit je trouve ça super de pouvoir en apprendre plus sur une personne qui va clairement impacter sur votre vie, avec son art et ses aiguilles. On y va ?

  • Tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Dahnbi, j’ai 25 ans. Après avoir fait toutes mes études de la 2de à la licence dans les arts graphiques, je suis venue vivre et travailler à Reims qui est devenue ma ville d’adoption et que j’aime beaucoup.

  • Ton premier tatouage, c’était quand / quoi ? Et les autres, tu les as tous dessinés ?

Le premier tatouage que je me suis fait faire c’était il y a 7 ans tout pile, juste à mes 18 ans. C’est un triangle que j’ai fait modifier depuis car il n’a plus le même sens qu’en 2009 ! Mais je l’aime beaucoup car il a amorcé mon goût pour cet art qu’est le tatouage.

Je les ai tous dessinés oui, je les aime. Pour moi, je n’ai pas plusieurs tattoos, j’ai seulement des morceaux, qui finiront un jour par former un grand et unique tattoo. Ils ont tous un sens que peu connaissent car je n’en parle pas beaucoup.

  • Comment et pourquoi es-tu devenu tatoueuse ? Quand as-tu su que c’était le bon chemin à prendre ?

J’ai su que je voulais me lancer dans le tattoo assez tôt mais j’ai longtemps préféré suivre la route que les études m’avaient poussée à prendre. Et un jour j’ai tout quitté, j’ai dessiné et j’ai cherché. Il m’a fallu forcer le destin pour réussir à entrer dans ce milieu, où personne ne vient vous chercher par la main, alors j’ai frappé aux portes des tatoueurs et après plusieurs rencontres avec Arno tattoo et sa femme Virginie qui travaille avec lui, ils m’ont pris chez eux.

  • Parle nous de ton mentor, et de tes « maitres / modèles » dans l’univers du tatouage.

C’est très dur aujourd’hui pour les tatoueurs de prendre un apprenti car il faut avoir confiance, ça coûte de l’argent, du temps et de l’énergie. Mais Arno est quelqu’un de très pédagogue, il dit sans dire, ce qui me pousse à apprendre par moi-même le plus souvent. J’apprécie ses méthodes et il fait preuve d’une grande patience avec moi. Je n’aurai pas pu espérer un meilleur mentor. Sinon je n’ai pas vraiment de modèles dans le milieu du tattoo mais j’apprécie beaucoup le travail de certains tatoueurs tels que Guy le tatooer qui vient de Toulouse, ville dans laquelle j’ai vécue durant mes études, Filip Leu qui a toujours tout fait pour faire évoluer son art, Jondix, à qui j’ai acheté ma première machine, et bien d’autres plus ou moins connus.

  • Ton premier tatouage, tu as flippé ? Comment ça s’est passé ?

Le premier tatouage que j’ai réalisé c’était en mars dernier, 4 mois après le début de mon apprentissage, j’avais une boule de stress qui m’a rongée toute la journée et je n’ai j’aimais eu aussi chaud de toute ma vie. Mais c’était sur quelqu’un que j’aime, qui avait une entière confiance et il avait raison car tout s’est bien passé.

  • Tu ne tatoues jamais en couleur, c’est parce que tu n’aimes pas ? Quelles sont les pieces que tu préfères tatouer ?

J’aime beaucoup les tattoos en couleur, mais je ne la pratique pas encore suffisamment pour réaliser des pièces colorées importantes. Ça viendra ! Mais il est vrai que je préfère quand même le noir et blanc. Les pièces que j’aime le plus tatouer sont celles que j’ai la chance de pouvoir créer de toutes pièces. Les voir se concrétiser sur la peau est un plaisir et ça va tout seul à tatouer car mes mains ont la mémoire des lignes que j’ai imaginé.

  • Quel est le tatouage dont tu es la plus fière (en dehors de mes pivoines évidemment) ?

Ahah j’adore tes pivoines ! Et j’aime encore plus le fait que tu les adores ! Mais le tatouage dont je suis la plus fière n’est pas forcément le mieux réalisé, car c’est le premier que j’ai fait. Je le trouve beau même avec ses défauts, car il représente beaucoup. Le réussir était déterminant pour la suite de ma vie personnelle et professionnelle. J’en suis fière oui…

  • Selon toi, quelle est la partie la plus difficile dans le fait de tatouer les autres ?

Étonnamment ce n’est pas de faire « souffrir » qui est le plus difficile, effectivement c’est parfois très dur de faire partie de l’intimité de quelqu’un qui se fait tatouer quelques choses en rapport avec un événement triste de sa vie. On a tous des raisons différentes de se faire des tattoos, mais ceux liés à de tristes sentiments sont plus difficiles à mes yeux, bien qu’ils soient aussi très importants pour réparer le cœur des gens.

  • Quels sont tes conseils au sujet du tatouage ?

Je pense qu’il n’y a qu’un seul bon conseil à donner pour se faire tatouer, c’est : choisir le bon tatoueur. Un qui vous plaise, dont le travail vous touche particulièrement, avec qui vous avez envie de passer 2h ou plus à souffrir, un tatoueur en qui vous pouvez avoir confiance et qui ne lésine pas sur la qualité de son matériel. Il faut être certain de la qualité, de la sécurité, et du choix artistique. C’est primordial.

  • Tu penses qu’il y a des « mauvaises raisons » à vouloir faire un tatouage ? Est-ce que tu refuses certaines demandes et pourquoi ?

Il n’y a aucune mauvaise raison de se faire tatouer. Que ce soit par idéologie, religieuse ou spirituelle, par amour, par tristesse, par esthétisme, pour la performance, pour se sentir vivant, pour appartenir à un groupe, ou pour se sentir unique, peu importe. Il n’y a pas de mauvaises raisons car à mes yeux ça rend plus beau à l’extérieur et ça renforce à l’intérieur.

Oui c’est déjà arrivé que je refuse un tattoo qui faisait l’éloge de certaines idéologies contre lesquelles je me bats dans ma vie personnelle. Et j’en refuserai d’autres, je refuserai tous ceux dont le sens va à l’encontre de mes principes.

  • A l’avenir, tu aimerais avoir ton propre shop ?

« Quand on prend un apprenti on sait déjà comment ça va finir, un jour il partira ». C’est ce que m’a dit Arno une fois, donc il sait que je partirai. Oui j’aimerais ouvrir mon propre salon un jour, mon rêve est que les gens viennent pour se faire tatouer mes propres dessins, dans mon style, qu’ils viennent me voir parce que c’est moi, et pas un autre. Mais je n’en suis pas là, et seul le travail peut me permettre d’en arriver là… alors je vais travailler.

  • Où trouver Dahnbi ?

Chez Arno Tattoo (03 26 47 56 81)
35 Rue des Poissonniers
51100 Reims

Les mardis, mercredis, vendredis et samedis
Facebook – Instagram

C’est tout pour aujourd’hui. Est-ce que je repasserais sous les aiguilles de Dahnbi ? C’est certain ! On a un bouquet de fleurs à finir, et vivement car c’est un moment que j’aime beaucoup. Et ce qui me manque en Thaïlande (car mon tatoueur parle encore moins anglais que moi), c’est de ne pas pouvoir échanger pendant que je me fais encrer. Si vous avez des questions, c’est par ici, en commentaire !

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